Hamza AARAB : "Ce qui préoccupe les quartiers, c'est l'insécurité sociale". Photo Jean-Fabrice TIOUCAGNA
Je m’appelle Hamza Aarab, je suis enseignant vacataire à l’université Paul Valéry et consultant. Je suis avant tout militant associatif depuis plus de quinze ans dans les quartiers populaires de Montpellier. Le samedi 16 janvier 2021, une marche contre la Loi Sécurité globale a démarré de la Paillade. Pourtant, je n’ ai pas pris part à la manifestation. Ce qui préoccupe les gens au quotidien dans les quartiers, ce n’est pas la Loi Sécurité globale exactement. C’est plutôt ce que j’appellerai “l’insécurité sociale”. C’est cette sensation de ne pas savoir vers où on va… socialement, c’est très très compliqué. De mon regard de militant, ce que je pense de cette question, tout comme la question du séparatisme, tout cela est purement électoral, C’est-à-dire les clivages Droite-Gauche, Extrême Droite-Extrême Gauche. En réalité, on n’apporte rien de concret. Aucune solution aux français. C’est çà qui est dramatique aujourd’hui. La Loi Sécurité globale a commencé avec les Gilets jaunes qui filmaient les policiers mais également avec les attentats de Nice. On a joué sur les émotions des français… Mais encore une fois, ce qui préoccupe vraiment les gens des quartiers ce sont les problèmes sociaux notamment les marchands de sommeil, le pouvoir d’achat, l’emploi, les problèmes d’expulsion, les jeunes qui sont complètement déconnectés des infrastructures institutionnelles, les entreprises et les petits artisans qui sont en train de mettre la clé sous la porte entre autres… Les habitants des quartiers ne semblent pas être sensibilisés par cette Loi Sécurité globale car ils n’ont pas les mêmes priorités tout simplement. Ils se demandent encore comment ils peuvent arrondir leurs fins de mois, comment ils vont manger à la fin du mois ou se demandent comment ils vont sortir du logement insalubre. Dans les quartiers, cela fait longtemps qu’on est mobilisés contre les violences policières…. Depuis plus de trente ans… Je me bats contre l’insécurité, on parle des rapports police/jeunes… Je suis sollicité tous les jours. Nous, notre liberté c’est de vivre réellement. Un exemple : quand tu rentres dans un quartier, le contrôle n’est pas le même qu’ailleurs. Il y a plus de répression qu’au centre-ville. Aujourd’hui, j’envisage de monter des permanences mobiles où on recevra des personnes en difficulté dans un camping-car . On les aiderait aux démarches administratives. Ce sera associatif. On va s’installer au cœur des quartiers. Recréer du lien entre associations existantes, entre habitants dans tout le département de l’Hérault. Interview Jean-Fabrice TIOUCAGNA