Samy TORQUI :"La Paillade comme tremplmin du vivre ensemble". Photo/Jean-Fabrice TIOUCAGNA
«Je m’appelle Samy et j’ai 23 ans. Je suis né à Béziers. J’habite la Paillade depuis mes quinze mois. Actuellement, je prépare un BTS Management Commercial Opérationnel (MCO). Et cela fait cinq ans maintenant que je cherche à intégrer Sciences Politiques Montpellier, en vain. Parallèlement à mes études, je suis militant associatif au sein de l’association Densité avec Thomas Branthôme, professeur d’Histoire du Droit et des idées politiques à l’Université Paris Descartes. Nous enseignons les valeurs républicaines et démocratiques aux jeunes des quartiers populaires. Cette association est présente dans plusieurs grandes villes de France (Lille, Lyon, Marseille et Montpellier). Les réunions se passent toujours dans les écoles, les théâtres, les lieux culturels. J’interviens depuis un an environ.
Les élections départementales, ex-cantonales (les 20 et 27 juin 2021), consistent, par exemple, dans un système électoral paritaire à présenter deux candidats, un homme et une femme. Les conseillers départementaux siègeront pendant six ans. Leurs domaines de compétences s’étendent de la culture à l’éducation en passant par le sport… Je pense qu’aujourd’hui nous avons besoin de ce genre d’élections car nous vivons dans un système très compliqué à cause du COVID-19 qui a aggravé la crise économique. Ces élections vont être un enjeu très important. En même temps, il y aura les Régionales. J’espère que nous serons tous mobilisés pour faire changer les choses. Pour l’instant j’y crois encore. Je pense qu’aujourd’hui, nous souffrons malheureusement de ce qui s’appelle le clientélisme, le fond de commerce de certains candidats qui viennent faire des promesses aux jeunes des quartiers populaires. Ensuite, ils abandonnent cette population. Je crois que le seul moyen de faire “bouger les lignes” c’est le vote. Ce que j’attends pour ce quartier ? Avant tout que les politiciens se réveillent. Nous avons longtemps été bercés d’illusions. Beaucoup d’argent a été injecté dans les banlieues mais pas beaucoup de changement constatés. Nous voyons encore des immeubles très insalubres. Je suis très intéressé par la politique depuis tout jeune. En fait, quand j’étais petit, je vivais seul avec ma mère. Elle a dû occuper plusieurs emplois pour subvenir à nos besoins. J’étais donc souvent seul à regarder la télé à la maison. Je regardais les émissions politiques. Cela peut paraître surprenant mais c’est quelque chose qui m’a beaucoup attiré. Après en Terminale, j’ai eu le choix entre les Mathématiques et les Sciences politiques. J’ai évidemment choisi la deuxième option. Et le fait d’être au contact des gens me motive.
L’avenir du quartier ? Personnellement, je suis très attaché à la Paillade. Mais je trouve qu’il manque de sécurité. Je trouve très dommage la différence de traitement entre le centre-ville de Montpellier et la Paillade. Par exemple, il y a plus de policiers là-bas. Aussi, je souhaite qu’il y ait plus de mixité sociale surtout dans les écoles. Cette mixité est un tremplin vers la réconciliation nationale. Puis, c’est évident, nous avons besoin de travail. C’est un sujet qui me tient vraiment à cœur. Montpellier est une des villes les plus marquées par le chômage en France. L’emploi est un facteur de cohésion sociale et d’intégration. A la Paillade, il existe des structures qui aident les jeunes à s’insérer.
Les jeunes des quartiers veulent travailler. Mais on ne leur donne pas suffisamment de moyens… Je trouve qu’aujourd’hui, il manque encore de structures collectives, ce qui accentue l’individualisme. Chacun pense à ses intérêts. Ce qui me tient également à cœur, c’est le vivre ensemble. La Paillade, je la vois comme le terrain de l’espoir. Elle pourrait être un symbole du vivre ensemble ».