Où en est-on de la culture dans les quartiers populaires? Comment ces habitants se l’approprient-ils ?
«Quand on dis « Culture », je pense à Musique, je pense à Théâtre, je pense à Danse. pour moi ce sont des espaces où on peut se retrouver, échanger et s’ouvrir vers de nouveaux horizons ». Mounir Retaiba est un des acteurs impliqués dans l’univers culturel de la Paillade. Avec son association Divers Cités, il «monte des projets » avec les jeunes du quartier. Il est également le responsable du studio d’enregistrement situé dans les locaux de la Maison Pour Tous Léo Lagrange depuis plusieurs années. Et ils ont été nombreux les artistes de la Paillade à graver leurs voix sur des CD. La Paillade est un laboratoire culturel. Des animations et des projets culturels, il y en a toute l’année, soutenus par les nombreuses associations présentes. Mais existe-t-il une culture dite » de quartiers populaires » ? «Dès qu’on parle de quartiers, on voit toute de suite Hip hop, culture urbaine. Mais nous, on ,ne s’est jamais enfermés dans ce milieu. Parce que la musique n’a pas de limite. Et on a envie d’explorer autres choses » rappelle Mounir Retaïba . A la base, le rap, est mode d’expression a priori facile d’accès pour les jeunes.«La culture urbaine est née dans les quartiers car il y avait une facilité, en terme de moyen » poursuit-il. Aujourd’hui, ces rappeurs s’intéressent à d’autres styles musicaux et s’associent à des artistes issus d’autres univers.
Les quartiers populaires ont su élargir leur panel de propositions. Du théâtre, du cinéma, des cours de peinture … toute l’année. De nouvelles structures voient régulièrement le jour et proposent des animations à l’instar de OAQADI (On A Quelque chose A DIre) qui intervient dans tous les secteurs de Montpellier. « Pour nous, il y a une culture de chaque endroit où l’on va » constatent Elise Dejy et Tatiana Arfel intervenantes éducatives de l’association. «Nous, on voit émerger des choses qui sont propres aux quartiers d’où sont originaires les populations ».
Mais la population s’approprie-t-elle cette diversité culturelle vraiment ? «Par exemple, des jeunes du collège Arthur Rimbaud à la Paillade ne se sentaient pas légitimes à avoir accès à la culture collective, on les a emmené en semaine radio à la Panacée, Centre d’Art Contemporain, explique Tatiana Arfel. A la fin de résidence, un élève m’a posé la question : « Alors ce lieu, c’est pour tout le monde ? » Et oui, c’est pour toi aussi. L’idée c’est que tout le monde se sente la bienvenue et accueilli ».
Jean-Fabrice TIOUCAGNA