José et Luis : « La culture, c’est la nourriture de l’âme ».

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José et Luis : "La culture, c'est la nourriture de l'âme". Photo/Jean-Fabrice TIOUCAGNA
José et Luis : "La culture, c'est la nourriture de l'âme". Photo/Jean-Fabrice TIOUCAGNA

Nous avons grandi à la Paillade. Nous avons vu son évolution, et nous aurions souhaité que ce soit autrement. Avant, on considérait la Paillade comme un petit village. Tout le monde se connaissait, les voisins étaient comme la famille. On se moquait de la couleur de peau, de la religion. Il n’y avait pas de racisme. Nos voisins étaient des Marocains, des Algériens, des Italiens, des Laotiens, etc. Lorsqu’on se croisait, on s’embrassait. C’était une grande famille. Les portes restaient ouvertes. Lorsque nous faisions des grillades, les voisins venaient et quand c’était leur tour, nous participions également. S’il y avait un problème c’était l’union.  

Quand nous étions gamins, dans les années 80-90, il y avait une bonne mentalité, le respect, une éducation qu’on ne retrouve plus. Aujourd’hui, chacun fait ce qu’il veut et chacun vit à sa manière. C’est dommage. Nous vivons ensemble mais chacun dans sa bulle. C’est lié à l’éducation, au respect. 

A une certaine époque, la Paillade était vivante. Il y avait toujours des activités. Les gens étaient plus ouverts aux autres, plus sociables entre guillemets. Quand il y avait des événements, ils étaient présents. L’ambiance était magnifique. On se souvient de la fête de la Saint-Jean, des majorettes, du bal, des concerts. Aussi, il y avait le départ ou l’arrivée du Tour de France à la Paillade. On avait la Foire aux ânes.  Tout ça c’est fini. Là, ils parlent même de fermer le marché aux puces… Depuis que nous sommes gosses, nous connaissons ce marché ! Il y a aussi le déplacement du stade. On dirait qu’on laisse les dernières clés et on s’en va. Ils veulent nous enfermer ! Ils ont laissé un peu tomber la Paillade. C’est malheureux car ce quartier est magnifique. Il y a tout à côté. Donc, soit nous partons avec eux, soit nous restons. Mais, nous avons toujours espoir au fond de moi. Nous croyons toujours que ça va aller mieux. Nous avons confiance en l’être humain, nous sommes tous liés les uns aux autres. 

Aujourd’hui, si on faisait un festival à la Paillade, les gens viendraient. Des artistes, ici, il y en a beaucoup. Tous styles confondus, du classique, du rap etc. On dit toujours qu’après la pluie vient le soleil. On aimerait avoir quelques rayons pour redonner confiance, de l’amour, de la culture. La culture, on dit qu’elle ne sert à rien mais c’est la nourriture de l’âme. C’est ce qui te nourrit, fait ta personne, fait qui tu es. 

Aujourd’hui, il est où ce bon savoir-vivre où l’on apprécie des choses simples ? Vivement que tout rouvre. Artistes, comédiens, chanteurs, nous sommes là pour faire plaisir. Pour effacer le quotidien parfois difficile, faire oublier tes problèmes le temps d’une chanson. La musique est là pour faire passer des émotions, donner du bonheur. L’art est porteur de message. La musique est vitale. 

Propos recueillis par Jean-Fabrice TIOUCAGNA et Célia AUGEREAU