Je m’appelle Mohamed Mechmache, je suis le fondateur de la coordination nationale « Pas sans Nous », une forme de syndicat des quartiers, pour faire entendre nos voix et nos paroles. La caravane « Nos quartiers ont de la gueule » a pour objectifs de revaloriser l’image des quartiers populaires, d’aller vers les habitants pendant cette campagne présidentielle 2022 de recueillir leurs doléances pour les retransmettre aux candidats. Il se passe de belles choses dans ces quartiers. Il y a une solidarité énorme, des gens qui entreprennent, il y a aussi une réussite malgré les difficultés qu’ils rencontrent. Nous voyons des personnes qui veulent vivre dignement, qui essaient de boucler difficilement leur fin de mois et éduquer leurs enfants correctement.
Pour moi, il n’y a pas de désert politique dans les quartiers, bien au contraire. Quand nous voyons comment le tissu associatif est aussi riche et actif, c’est un acte politique. On ne doit plus être un prestataire des services publics. Aujourd’hui, les services publics ont totalement disparu dans ces territoires, et ce sont les associations qui ont pris le relais avec moins de moyens. La vie associative doit créer du lien mais en aucun cas régler les problèmes de droit commun, de justice sociale. C’est important que les citoyens prennent conscience de ce que nous sommes en train de vivre actuellement, de nos difficultés.
Aujourd’hui, le taux d’abstention est conséquent. C’est donc la démocratie qui est en danger. Et si la démocratie est en danger, c’est qu’il y a un problème qui ne relève pas de la responsabilité du citoyen. C’est le politique qui doit s’interroger. Notre but est de réveiller les consciences en disant : « Nous avons une forme de pouvoir. Créons un rapport de force sans violence lors des échéances électorales ». « Pas sans Nous » est une organisation non partisane qui mène un combat noble.
La plupart de ces gens veulent vivre ensemble et se rapprocher de cette république qui leur tourne le dos. Il faut que les habitants comprennent que s’ils restent spectateurs, ceux qui auront le pouvoir feront des lois contre eux, et pas dans leur intérêt.Le peuple est souverain. Il doit tracer sa feuille de route, se mobiliser pour sa liberté, ses droits et la justice sociale. On ne doit pas interdire la liberté de manifester, par exemple. Ce qui sera dangereux, c’est quand le peuple ne parlera plus, ne manifestera plus. Le Référendum d’initiative Populaire/Citoyenne faisait partie de nos revendications, la démocratie passe par-là. Les médias traditionnels ont un rôle essentiel. Malheureusement, certains portent la mauvaise parole.
Enfin, je demanderai aux candidats à la présidentielle de remettre le citoyen au cœur des politiques publiques. Qu’il ait droit à la santé, à l’emploi, à l’éducation… « Faire pour nous sans nous, c’est faire contre nous ».
Propos recueillis par Samy TORQUI